Association de Sauvegarde duCHATEAU DE GAVRAY |
APRÈS LA GUERRE DE CENT ANS |
La guerre de Cent Ans est achevée. Charles VII peut, légitimement, récompenser les artisans de sa victoire, et, parmi eux, le comte de Richemont, à qui il donne, sa vie durant « la ville, terre, seigneurie et vicomté de Gavray », par un acte du 24 novembre 1451 : |
|
« considerans les grands, notables, continuelz et prouffitables services que a faiz par longtemps à nous et à la chose publique de nostre royaume notre très chier et amé cousin le comte de Richemont (….) donnons (…) à sa vie seulement, les fruits prouffiz et revenus quelxconques de nos ville, terre, seigneurie et vicomté de Gavray, à iceulx avoir et prendre chacun an, à sa dicte vie durant , par les mains de notre vicomte d’illec et par les simples quittances d’icellui nostre cousin ou de son trésorier» , , fiefs, ausmones, gaiges d’offices, réparations de places et autres charges ordinaires premièrement paiez...». (1) |
|
Arthur de Richemont | Ironie de l’histoire, Gavray est remis au propre petit-fils de Charles II de Navarre. |
Cet acte est intéressant à plus d’un titre :- pour la première fois de son histoire, Gavray est donné à un particulier. Arthur de Richemont a non seulement les revenus des terres du château mais également comme précisé plus loin dans le texte « peut pourvoir à la garde et cappitainerie….de Gavray ».
|
C’est de Bretagne que va venir le danger. De 1465 à 1467, une guerre oppose Bretons et Normands, ce sera le dernier fait de guerre dans lequel le château joue un rôle. |
|
Vitrail des Cordeliers de Nantes : François II, Duc de Bretagne, en prières. | |
En octobre 1465, par les traités de Conflans et de Saint-Maur, Louis XI provoque la dissolution de la « Ligue du Bien public ». Son frère Charles, duc de Berry, soutenu par cette Ligue reçoit en apanage la Normandie. |
Charles de France. Détail de l'enluminure de frontispice des Statuts de l'ordre de Saint-Michel par Jean Fouquet, Paris, BnF, département des manuscrits, vers 1470. |
« Et fist rendre le dit duc de Bretaigne toutes les places de Caen, Bayeux, Saint Lo, Avranches, Coustances, Carentan, Vire, Valongnes, Gavrey, que ses gens avoient fait rendre au dit duc de Berry ». (3) |
Peu de temps après, la coalition se reforme entre le duc de Bretagne, les nobles normands, Charles de Berry et Charles le Téméraire. |
« vindrent les Bretons de par monseigneur de Berry entrer en Normandie, cuydans recouvrer la duchié (….). Les Bretons, qui estoient en garnison pour le roy a Baieux, a Caen, Carenten, Gavray et en plusieurs autres places, baillèrent et tindrent les dittes places pour le duc de Berry et non pour le roy ». (4) |
Dans la lutte qui s’engage contre les Bretons, on trouve une espèce d’organisation secrète « les Galants de la Feuillée » dont l’origine remonterait à l’occupation anglaise. Dans une note au texte précédent, Siméon Luce rapporte que dans une lettre de rémission de Louis XI, datée de Beaugency en janvier 1467, Pierre Hossart, archer, lieutenant de Raymonnet de Boessi, capitaine du château de Gavray, demeurant au donjon du dit château prie : |
« Raoulet le Foulon, « qui se disait estre ung des galans de la feuillie, qu’il n’entrast plus en sa dicte chambre ne aucuns des galans de la feuillie, desquelz avoit lors grant nombre au dit lieu de Gavray ». |
L’année suivante, Louis XI reprend en main la Normandie et obtient de son frère la renonciation à son apanage.Il semble qu’au XVIème siècle, une donation, bien attestée, en 1524 à Jacques d’Argouges ne l’ait fait sortir quelques temps du domaine royal. (5)
|
En 1697, Louis XIV concède au comte de Toulouse, Louis-Alexandre de Bourbon, son fils adultérin avec la Marquise de Montespan, le domaine de Gavray qui comprenait :-les étaux et les halles aux bouchers et au pain,-le château,-l’auditoire (part des amendes infligées par les officiers de la vicomté de Gavray),-la juridiction avec la geôle et la prison,-la lande Saint-Luc avec le droit de coutume (taxes de location de la lande et sans doute un péage à son entrée) à la foire Saint-Luc,-la lande des Bains et celle des Noés. |
|
Le Comte de Toulouse par Hyacinthe Rigaud en 1708 |
La Révolution |
En 1789, le cahier des doléances des habitants de Gavray fait état, notamment, de demandes :-d’exécution d’une décision de l’Assemblée du Parlement de Coutances relative à la construction d’une route reliant Coutances à Gavray,-relative à la construction d’une autre route vers Bricqueville-les-Salines pour le transport des engrais de mer.Des pierres du château ont-elles servies à l'encaissement de ces voies lors de leur réalisation ?Plus de détails voir : Les cahiers de doléances |
Cession du château à la commune de Gavray |
|
Le 5 décembre 1832, la Compagnie du Cotentin exerçant les droits de la Maison d’Orléans cède gratuitement à la commune de Gavray, en raison de ses anciens droits d’usage, 106 ha 49 ares dont la butte du château. |
L’incendie du vieux bourg |
Le 20 juillet 1876, un incendie se déclare dans le vieux bourg de Gavray. 140 maisons sont détruites, la Municipalité autorise les victimes à prélever des pierres du château pour leur reconstruction. |
Notes et références : (1) Bernard Beck « Gavray-Hambye » p. 79 – extrait de E. Cosneau « Le connétable Arthur de Richemont (1393- 1458) » appendice XCI p. 624-625 (2) « Gallia Regia (fr 26085 n°7251 et fr 26088 n°7323 (3) « Chronique du Mont Saint-Michel p. 79 (4) ibidem p.82-83 et note 1 (5) « Catalogue des actes de François Ier », Ordonnances des rois de France Paris 1905 (6) « Inventaire des arrêts du Conseil d’Etat », Inventaires et documents Paris 1893 |