Le clergé et les hospices d’assistance sous Louis IX, Saint Louis
Le clergé séculier
Contrairement aux règnes précédents, la liberté effective des évêques n’est pas respectée. Ils sont choisis parmi les Français de l’entourage royal, comme pour les hauts postes administratifs. Ils sont à la tête d’un clergé très nombreux. La Normandie compte 4 000 paroisses de faible superficie, à l’exception du diocèse de Rouen, le plus riche et le plus convoité du royaume, divisé en 6 archidiaconés, 28 doyennés et 1 400 paroisses. A titre comparatif, le deuxième, Bayeux, ne compte que 600 paroisses.
Les clercs normands bénéficient, comme tous les clercs du royaume, du « for » ecclésiastique et de deux spécificités normandes : « l’immunité » et les « patronages laïcs ».
Le « for » ecclésiastique les dispense de payer les impôts laïcs, seigneuriaux et royaux. Les « décimes » dus au roi, à partir du milieu du XIIIe siècle, ne peuvent être recouverts qu’avec l’autorisation du pape.
L’ « immunité » concerne les abbayes, qui échappent à la fois à l’autorité de l’évêque diocésain et à celle des représentants locaux du roi.
Le « patronage laïc » concerne les nombreuses églises encore tenues par des laïcs. Les seigneurs locaux ou le roi lui-même jouissent du droit de présentation des curés dans de nombreuses paroisses rurales.
Enfin, le clergé séculier est dispensé du service militaire et respecte de plus en plus l’interdiction du mariage.
Les chapitres
La hiérarchie épiscopale comprend :
-les archidiacres et les chanoines du chapitre cathédral qui résident dans la ville épiscopale et sont rémunérés par une « prébende » (revenu d’une terre située dans le diocèse),
-les vicaires, les chapelains et les prêtres forment le « Bas Chœur »). Les vicaires assistent les chanoines et les remplacent le cas échéant. Les chapelains ont la charge des chapelles construites autour du chœur, puis le long des bas-côtés de la nef de l’église. Les prêtres sont chargés des « messes d’obit » (messes dites au jour anniversaire d’un donateur ou du bénéficiaire).
Le clergé paroissial
Chaque paroisse comprend, en général, plusieurs prêtres. Le curé a charge d’âme, et des vicaires qui le secondent. Cellule de base de la Société, le curé apparait comme le chef naturel d’une communauté rurale.
Le clergé régulier
Malgré la décision, de chaque côté de la Manche, de ne pas soumettre les établissements monastiques au même choix que les seigneurs laïcs, en pratique les abbayes normandes ne peuvent jouir de leurs biens anglais que de manière intermittente.
L’apparition et l’essor des ordres mendiants : Franciscains, Carmes, Dominicains et Augustins, introduit de grands bouleversements dans la Normandie religieuse.
Eudes Rigaud, né dans une famille de petite noblesse vers 1210, entre chez les frères mineurs franciscains, vers 1230, il en deviendra rapidement l’un des plus grands intellectuels. Sacré archevêque de Rouen (1248-1275), poste le plus convoité du royaume, il est connu pour son journal des visites pastorales qu’il effectue dans l’ensemble de la province en 1250 et 1255. Il y relate avec précision la vie en Normandie, il y constate l’insuffisance de la réforme des membres du clergé. Au cours de son archiépiscopat, il aide et multiplie de nombreuses fondations : les Templiers vers 1250, la collégiale Notre Dame de la Ronde (1255), les Trinitaires (1259), les Carmes (1260), les Dominicaines aux Emmurés (1261) et consacre l’église du couvent des franciscains de Rouen (1261). Membre de droit de l’échiquier de Normandie, il joue un rôle important à la conclusion du traité de paix entre Saint Louis et le roi d’Angleterre. Le 15 mars 1270, après avoir prêché la croisade, il rejoint l’armée des croisés. Avant de mourir, Saint Louis le désigne parmi ses exécuteurs testamentaires. |
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