Association de Sauvegarde du

CHATEAU DE GAVRAY

LA TOUR RONDE DISPARUE

Sommaire 

1 - Présentation
2 - La découverte
3 - La fouille
4 – L’emplacement
5 – La datation
6 – La destruction
7 – Conclusion

 
  Marquée au sol par du gravillon blanc, la trace de la tour ronde qui a précédé le donjon carré, vue du rempart sud.

1 – Présentation 

 

Très intéressante pour l’histoire du site est la tour ronde disparue qui a précédé toutes les constructions visibles aujourd’hui et que les fouilles ont révélée. Du gravillon blanc en marque la trace au sol, en avant de la tour existante.

En effet, la fouille dans la zone du donjon mit en évidence les vestiges d’une grosse tour ronde de 15m de diamètre avec des murs de 4m d’épaisseur à la base sous le mur ouest du donjon actuel, sous la petite tour adjacente et sous le rempart sud ce qui laisse envisager qu'ils étaient destinés à supporter une hauteur assez considérable, peut-être une trentaine de mètres. Là, où le rocher affleure, seuls quelques vestiges de mortier en marquaient la place. Un débordement de maçonnerie de structure arrondie au pied du mur en indique la base sur laquelle fut construit le mur d’enceinte actuel.

Relevé des vestiges de la tour ronde.

2 - La découverte 

Il est intéressant de revenir ici sur les étapes de cette découverte.
C’est à l’intérieur du donjon, dans l’angle sud-ouest de la pièce ouest qu’intervint la première découverte :
le mur ouest du donjon était construit sur les bases d’un mur arrondi dont apparaissait la partie convexe.

 
Mur intérieur de la tour sous le donjon.
 

Ceci amena à reconsidérer les vestiges déjà mis au jour :

- à l’intérieur de la petite tour ouest, avait été observé en 1983, plusieurs remaniements et avait été constaté un fait qui n’avait pas pu être interpréter à l’époque :

la base de cette tour était à l’origine , bien arrondie et apparaissait sous le mur du donjon.

Fondations de la tour ronde.

L’hypothèse d’un remaniement de ce mur du donjon avait alors été émis. Cette observation prenait maintenant tout son sens :
la tour ronde primitive avait des murs épais de 4 m !

- à l’extérieur de la forteresse, au pied du mur de l’actuelle tour ouest, dès 1983 un débordement de maçonnerie avait été observé, débordement qui avait été pris pour les fondations du rempart.

La découverte du donjon incita à le reconsidérer. Un nettoyage plus soigné fit apparaître une structure arrondie, dont le rayon de courbure correspondait à celui du mur mis au jour dans le donjon quelques 4 m plus haut. Il devenait dès lors évident que le mur d’enceinte actuel était en partie reconstruit sur les bases de la tour ronde.

 
Du «chemin de ronde», on distingue nettement la base de la tour ronde, au pied du
mur d'enceinte sud.

3 – Les fouilles 

Cette constatation incita à ouvrir une nouvelle aire de fouilles à l’emplacement présumé de la tour. L’objectif était de la localiser avec précision et, par l’étude de la stratigraphie, d’en préciser l’époque de destruction et celle de la construction.
La fouille de cette zone fut ardue car la couche de démolition y était, par endroits, assez épaisse et il fallut enlever beaucoup de pierres.
Elle permit de localiser assez précisément les fondations de cette tour, vaste construction d’environ 15 m de diamètre, dont l’épaisseur des murs atteignait près de 4 m à la base. Là où le rocher affleure, seuls quelques vestiges de mortier en marquaient la place.

Au nord de la tour actuelle, un niveau à peu près horizontal de pierres, de module irrégulier, noyées dans un mortier assez friable, indiquait son emplacement. Il fut possible d’observer au nord, que les fondations étaient creusées dans le gravillon rouge de remblai épandu sur le site.
 La limite de la construction était bien nette, arrondie, contrastant avec le remblai rouge.
Cette observation était capitale pour établir une relation entre la construction de la tour et l’apport de remblai.
En effet, il apparaît très nettement à cet endroit que la fondation de la tour a été creusée dans le remblai. La même observation a été faite dans le donjon où la partie inférieure du mur subsistant de la tour a été également creusée dans le remblai.
A l’ouest de la petite tour actuelle, une autre partie de fondation fut découverte (même aspect que précédemment), mais sans que l’on retrouve la forme circulaire de la tour. Le rocher s’étendant largement dans cette zone, il ne sera, sans doute, jamais possible de connaître la forme exacte de cette construction.

4 – L’emplacement

Le choix de l’emplacement peut paraitre surprenant. En effet, il est situé à la rupture de pente du rocher, et il a fallu chercher très profondément, au sud, une assise solide, dans la pente de la colline. La déclivité importante du rocher, à l’intérieur de la tour ne permet pas d’imaginer une occupation à ce niveau.
L’observateur avisé pourra en trouver trace dans les murs du donjon, à l’intérieur de la petite tour actuelle, ainsi qu’à l’extérieur du rempart, en suivant au pied des murailles le chemin de ronde sud.

5 – La datation

Aucun élément ne permet de dater absolument la construction de cette tour. Les observations effectuées permettent simplement de la placer après l’aménagement de la plate-forme.
Cette tour était-elle un élément de défense parmi d’autres ? Etait-ce le donjon ? D’après les textes, un donjon aurait été construit en 1123 par Henri Beau Clerc, fils de Guillaume le Conquérant, mais on ne peut affirmer qu’il s’agit de cette tour, les autres donjons construits au cours de la même campagne de fortification étant de forme rectangulaire. On sait aussi que des travaux ont été réalisés au donjon en 1166. Mais cette date paraît bien précoce vu la forme du bâtiment.

6 – La destruction 

Ce qui parait assuré en revanche, c’est que cette tour a été rasée à la suite du siège de 1378 mené par Bertrand Du Guesclin ou lors du démantèlement ordonné par le roi de France peu de temps après.

 

Il semblerait que la tour n’ait pas eu seule à pâtir de ces destructions, le rempart sud a dû être détruit lui aussi puisque le mur actuel est visiblement construit sur les bases de la tour arasée.

Le «chemin de ronde» vu de la barbacane : la tour ronde se dressait là où s'interrompt la balustrade de bois.

7 – Conclusion

C’était une énorme construction, comparable par sa taille au donjon du château de Bricquebec (Manche) ou à la tour Mélusine au château de Fougères (Ile et Vilaine) et dont les murs des parties hautes étaient moins épais que ceux des parties basses, permettant une occupation plus importante

 
Le donjon de Bricquebec (Manche) : il faut imaginer, en arrivant sur la plate-forme, la tour ronde dressée vers le ciel, aussi imposante que ce donjon.
   
Coupe d’une tour de ce type : les murs étant
de moins en moins larges, de niveau en niveau,
l’espace habitable est plus important dans les niveaux supérieurs
Reconstitution possible de la tour ronde de Gavray.

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